ARTPOP résonne chez les fans et chez Lady Gaga elle même comme l’une des périodes les plus difficiles de la carrière de la chanteuse. ARTPOP a été très vite considéré comme un echec alors que de nombreux fans (et moi même) le voient comme l’un de ses meilleurs albums. Cependant peut-on réellement parler d’echec commercial, non, mais pour Lady Gaga c’en est un. À cela s’ajoute une critique violente sur l’album par le monde entier. Revenons donc sur l’histoire d’ARTPOP, l’album maudit. Alors, je me permets de prévenir qu’il est impossible de décrire totalement tous les évènements qui façonnent cette période. Nous allons rester sur le plus général pour tout bien saisir.

Avant ARTPOP: Lady Gaga is dead

Nous sommes alors en 2012, Lady Gaga continue la promotion de son succès Born This Way avec la tournée. L’album sorti en 2011 a été un immense succès, elle était partout, sur les plateaux télés, les métros et sur les murs. Cependant hormis le single Born This Way, les autres ont effectué des performances moindre et son label le voit bien. On commence alors déjà à se demander si sa carrière n’est pas déjà sur le point de s’éteindre. Et les choses ne s’arrangent lorsqu’elle doit annuler le reste de la tournée à cause d’une terrible blessure à la hanche sur scène. Vous vous doutez bien que la presspeople se met à considérer la fin de sa carrière plutôt que de la soutenir dans cette étape difficile.

Cependant, alors en pleine tournée, Gaga travaille déjà sur ARTPOP et le vend comme un projet ultra ambitieux. Mais étant donné les performances légères de ses derniers single de Born This Way, son label interfère dans son processus créatif. Lady Gaga avait envie de sortir Aura comme le premier single d’ARTPOP. Un choix directement contesté par le label qui le considère comme pas assez fort pour les radios. C’est donc au final Applause qui devient le premier single de l’album ARTPOP. Mais Lady Gaga n’en reste pas là alors que son ambition artistique passe au second plan et elle fait fuiter Aura. Elle utilise un autre pseudo et les fans peuvent écouter la chanson avant Applause. Mais encore une fois tout ne se passe pas comme prévu.

Applause vs Roar

Décidément, rien ne va pour Lady Gaga. En effet Applause fuite, mais cette fois ci pas à cause de Gaga. Alors pour limiter la casse, son label avance la sortie de l’album. Un choix terrible qui fait sortir Applause le même jour que le retour de Katy Perry avec Roar. Rappelons que Katy Perry était au sommet de sa carrière après l’énorme succès de son album Teenage Dream. Alors Katy Perry était également très attendue. Au final, Roar dépasse de loin Applause. Alors les médias viennent crier au flop pour Lady Gaga, et les communautés de fans des deux artistes se livrent une guerre sur les réseaux sociaux. Il est cependant impossible de dire que Applause n’a pas fonctionné puisque le titre reste pendant 13 semaine dans le top 10 aux États Unis. Mais malheureusement il faut constamment trouver une artiste à taper et Lady Gaga est la cible.

C’est ainsi que s’ouvre l’ère ARTPOP et Lady Gaga performe Applause aux VMAS en faisant référence aux critiques qu’elle a reçu.

« My ARTPOP could mean everything »

L’un des points clés pour comprendre la catastrophe de l’album est son propre concept. Si nous reprenons les termes de la chanteuse, l’album devait être l’inverse de ce qu’a fait Andy Warhol. C’est à dire qu’Andy Warhol a inclu le populaire comme la boite de soupe ou Marilyn Monroe dans l’art. Lady Gaga, quant à elle voulait inclure l’art dans la culture populaire. Le concept est donc très flou et elle-même va se perdre dans se concept, alors imaginez pour le grand public. Ainsi la pochette de l’album représente une statue de Lady Gaga, l’art vient sur la figure de la pop (très flou oui), réalisée par Jeff Koons. En arrière plan on retrouve des éléments de la Naissance de Vénus de Botticelli entres autres. Voilà une pochette avec beaucoup d’informations mais qui représente clairement le concept de l’album.

En parallèle, l’ambition de Gaga est de créer un album multimédia. Le budget pour sa promotion est donc énorme. Elle met notamment en développement la ARTPOP app. Une application dont la durée de vie fut courte. Le concept était de créer des montages photos, se connecter avec les fans et bien sûr: acheter et écouter ARTPOP. Pour revenir sur le budget colossal de la promotion de l’album, Lady Gaga était même sensée performer dans l’espace, ce qui n’est jamais arrivé. Le plus extrême dans cette promotion énorme qui n’a pas abouti est son essayage de la première robe volante appelée VOLANTIS. Elle effectue également un évènement de deux jours, la artRAVE, où elle interprète des titres de son album notamment.

Enfin, le style musical même de l’album n’enchante pas le grand public. Il s’agit d’un album EDM composé et produit par DJ Whiteshadow ou encore Zedd. Les titres sont très bourrins et violents pour les oreilles comme Swine, G.U.Y ou encore Aura. De plus ce genre musical était en plein déclin lors de la sortie de l’album.

Le prochain single de l’album devait être Venus. Cependant, le titre Do What U Want en collaboration avec R.Kelly fait du bruit. Alors son label annule le clip de Venus et se concentre sur Do What U Want. Encore une fois, la créativité de Lady Gaga est restreinte. Cependant, ce nouveau single connaît un destin tragique également.

Do(n’t Do) What U Want

Do What U Want devient le nouveau single de l’album dans une optique bien plus commerciale qu’artistique. Elle va donc interpréter le titre aux American Music Awards avec R.Kelly et un clip et notamment prévu et produit par Terry Richardson. Cependant au même moment les accusations déferlent sur R.Kelly et Richardson pour des crimes sexuels aujourd’hui avérés. R.Kelly a notamment était condamné en 2023 pour pédopornographie et violences sexuelles. À l’époque alors que les accusations s’intensifient, Lady Gaga et son équipe stoppent la promotion du titre et le clip est totalement annulé. Une bonne nouvelle en soi étant donné le caractère hautement sexuel de celui-ci. Ce qui ne fait pas bon ménage avec ces accusations très graves.

« Lady Gaga is Over »

Cette affaire vient exacerber la haine du public et de nombreux fans se détournent de Lady Gaga. Détester Lady Gaga devient une véritable tendance au point où son équipe et elle même l’inclut dans la stratégie de promotion comme vous pouvez le voir avec la vidéo ci-dessus. Lady Gaga en a assez que le drama prenne le dessus sur la musique qu’elle propose dans ARTPOP. Les critiques de l’album sont sans pitié. On dit qu’elle est désespérée, on la ridiculise, et on dit qu’elle devient la caricature d’elle-même. Son label décide donc de ne pas aller plus loin sur la promotion de l’album.

Elle est au fond du trou au point de devoir financer elle-même le clip de G.U.Y dans lequel elle montre comment son label et ses proches la délaissent et la voient comme une machine à sous. Le court métrage de G.U.Y sera au final également un échec de plus pour Lady Gaga dans la promotion d’ARTPOP. En parallèle, il faut également rappeler qu’elle avait prévu de faire une deuxième partie à ARTPOP qui n’a bien sûr jamais vu le jour. Cependant des démos et des titres entièrement terminés tels que Brooklyn Nights ou Partynauseous sont trouvables sur le net.

La personne qui vient en tête lorsque l’on pense à son label qui la délaisse, c’est son manager Troye Carter.

La descente aux enfers

Les deux collaboraient depuis 2007 dans une collaboration assez difficile. Cette entente entre les deux prend notamment fin à cause d’ambitions créatives totalement différentes sur le futur de la carrière de Lady Gaga. Le pire est que la collaboration entre les deux prend fin une semaine avant la sortie d’ARTPOP. Le même soir, après le coup de massue de cette annonce, elle doit performer le titre Dope. La performance la montre au bord des larmes, elle hurle, la scène est difficile à regarder. Elle entame une véritable descente aux enfers. La haine du public envers ne cesse pas et sa performance de Swine qui la recouvre de vomi pour dénoncer l’horreur de son viol ne vient pas arranger les choses. Elle va en arriver au point de s’excuser d’avoir créé ARTPOP.

Une lueur d’espoir

Sa rencontre avec Tony Bennett dans ce tumulte va littéralement sauver sa vie. C’est également son autre manager Bobby Campbell qui vient aussi la sauver en mettant en place une opération de reconquête du grand public.

Ainsi elle sort l’album Cheek To Cheek avec Tony Bennett qui va lui redonner le plaisir de chanter. Celui-ci se place notamment numéro 1 aux États-Unis et remporte un Grammy Award. Par la suite elle sort Joanne en 2016 avec des sonorités beaucoup plus pures et des textes plus personnels, et Million Reasons devient un tube. Elle déchaine le SuperBowl en lors de son Halftime show en 2017. Lady Gaga sort son documentaire Five Foot Two sur Netflix. Elle entre ensuite dans la production du film A Star is Born où va se créer l’un des plus gros tubes de sa carrière, Shallow. Elle finit ensuite par revenir à la pop en sortant Chromatica en 2020, mais nous connaissons son destin tragique.

Que reste-t-il d’ARTPOP aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la critique et le grand public on reconsidéré leur avis très virulent sur l’album et le considèrent comme un album qui était surement trop en avance sur son temps. De plus, en 2021, les fans ont refait vivre l’album en effectuant un pic d’écoutes. Dans un second temps, une pétition a également été créé par les fans pour demander la sortie du fameux ARTPOP Act II qui a été abandonné. La pétition a prit tellement d’ampleur que Lady Gaga elle-même a pris la parole. Elle remercie ses fans de donner de l’amour à un projet qui lui a posé dans de peine. Le producteur DJ Whiteshadow a également été très touché par la pétition pour un album et une période qui sonnent comme un traumatisme chez lui.

Cependant ce deuxième acte n’a jamais vu le jour et ne verra surement jamais le jour. De plus lors de la conférence de presse pour l’album MAYHEM elle réitère cela. Elle indique que si les titres sont abandonnés, c’est pour toujours. Si un nouveau projet autour d’ARTPOP devait arriver, il s’agira de nouveaux titres et non de projets jetés à la poubelle.